Vertige du Colonel Tigh
Son origine cylon révélée, les propos du Colonel Tigh sur sa volonté de rester un homme et de continuer à combattre aux côtés de l'humanité provoquaient un tsunami d'empathie pour le personnage autrefois antipathique. Cette volonté de ne pas trahir son ancienne existence de combattant et de grand résistant au génocide et à la tyrannie forçait l'admiration et imposait le respect, permettant ainsi une franche identification à celui qui, autrefois sur Nouvelle Caprica, avait subi l'innommable torture et avait du, par devoir, tuer la femme de sa vie. Une nouvelle fois, Moore nous comblait en délivrant le même message : la souveraineté de l'esprit sur le corps. Du choix sur l'origine. D'où le frisson qui nous parcourait l'échine lors de cette flamboyante déclaration. On est ce qu'on désire être. Autrement dit, ces propos traduisaient bien davantage que le rejet d'une identité détestée, son intégrisme anti-cylon soudainement se transformait en intégrité grandiose. Une intégrité qui trouvera son acmé dans son bouleversant "Je suis un cylon" adressé à son vieil ami et frère d'arme, l'Amiral Adama. Car tout le monde l'aura compris, ces mots ne sont en aucun cas l'affirmation d'une identité assumée, mais bel et bien une formidable déclaration d'amitié. Ce refus de la tromper constitue à n'en pas douter l'un des moments forts de la série (et de la télé). Au même titre que la dignité affichée (dans chaque fibre de son visage, dans chacun de ses propos et dans sa droite posture) au moment où le nouveau président des 12 colonies s'apprête à l'éjecter dans l'espace. Au même titre que son expression effarée lorsque D'Anna sur le pont du Galactica le reconnaît comme étant l'un des siens.
Vertige de Sharon et vertige d'Adama
Vertige de Leoben et vertige de Starbuck
Vertige de Boomer
Mort d'une cylon
Pourquoi la mort d'un toaster (quel horrible nom pour de si jolies créatures) nous met la larme à l'oeil ? Pas seulement parce que dans le cas qui nous occupe nous étions très attaché au personnage : on le serait à moins, Boomer était héroïque, et son interprète, Grace Park, est très belle. Parce qu'elle ignorait tout de sa nature, parce que ses pensées ne lui appartenaient plus au moment de tirer sur Adama, Boomer était une victime et il n'était donc pas question pour nous de nier son humanité passée ; il n'était pas question non plus de nier l'âme qui l'habitait au moment de sa mort ; il n'était pas question de nier la véracité de ses émouvantes dernières paroles : "je vous aime, Chef". Victime parce que téléguidée pour suivre un plan dont elle ne savait rien, victime parce qu'en l'abattant ainsi, on niait son humanité passée et présente.
Vertige de Baltar
Vertige de Caprica Six
Vertige du regard
A placer le regard au coeur de la mise en scène (nombreux sont les gros plans sur les visages) et au coeur de l'enjeu, Battlestar Galactica confronte le spectateur (à la fois transi et ému) à ses peurs primales et aux questions les plus excitantes, les plus tenaces, les plus fondamentales : qui suis-je ? où vais-je ? dois-je croire ? à quoi je crois ? à qui ?