Vertige du regard



A placer le regard au coeur du spectacle, au coeur du message, et au coeur de l'action, Battlestar Galactica, en suivant les traces laissées par Blade Runner, Ghost in the shell, et 2001, trois films de science-fiction majeurs qui avaient donné au regard une première importance (celui renvoyant le décor de Holden ; celui flamboyant de Batty ; celui mélancolique et interrogateur de Motoko ; celui apeuré de Hal, celui sidéré et sidéral de Bowman, celui grand ouvert du foetus), rejoint leurs préoccupations existentielles. Vertigineux, Battlestar Galactica l'est à plus d'un titre. Vertige physique pour Lee et Starbuck : à bord de leur viper, en prise directe avec le noir profond de l'espace (les étoiles n'y ont guère leur place), avec son vide infini, ils se livrent à des batailles spatiales physiquement insensées, desquelles émergent une sensation de vitesse inédite, proprement sidérante. Vertige métaphysique pour Six, Sharon ou Leoben : ces cylons nouvelle génération sont à la recherche d'une âme. La quête existentielle des seconds (le regard comme miroir de l'âme) étant plus passionnante que le désir de survie des premiers.
A placer le regard au coeur de la mise en scène (nombreux sont les gros plans sur les visages) et au coeur de l'enjeu, Battlestar Galactica confronte le spectateur (à la fois transi et ému) à ses peurs primales et aux questions les plus excitantes, les plus tenaces, les plus fondamentales : qui suis-je ? où vais-je ? dois-je croire ? à quoi je crois ? à qui ?

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